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Les nuits « tropicales », où la température ne descend pas au-dessous de 20 °C, se multiplient en France

Dans beaucoup de zones tempérées, cela s’est longtemps apparenté à une anomalie. De plus en plus banales, les nuits dites « tropicales », pendant lesquelles le thermomètre ne descend pas au-dessous de 20 °C, s’intensifient et se multiplient partout en France. Une conséquence directe du réchauffement de l’atmosphère qui pèse sur les organismes des plus fragiles et qui pousse certains à s’équiper de climatisation pour préserver leur sommeil.
Au cours de l’été qui vient de s’écouler, plutôt modéré sur une partie du pays, Nice a ainsi connu soixante nuits d’affilée de ce type. Dans celle du 11 au 12 août, le thermomètre est resté bloqué à 28,1 °C à Menton (Alpes-Maritimes). Avant que des orages ne viennent casser cette période étouffante, Marseille a recensé vingt-huit nuits d’affilée à plus de 20 °C ; Cannes, vingt-six, et Perpignan, vingt.
« Cela ne nous étonne pas, mais ça nous affole un peu quand même quand nous nous penchons sur les données, résume Matthieu Sorel, climatologue à Météo-France. On constate une multiplication de ces épisodes dans le Sud et une remontée très nette du phénomène vers le nord de la France. Plus aucune région n’est à l’abri. »
Sur les villes du pourtour méditerranéen, les données de la dernière décennie compilées par Météo-France et consultées par Le Monde sont impressionnantes. Le 1er août 2017, le thermomètre est resté bloqué à 30,5 °C en pleine nuit à Marignana, en Corse. Un record absolu.
En 2022, la ville de Nice a vécu cent quatre nuits tropicales, dont soixante-neuf de suite, un autre record. Dans cette ville, les séries s’empilent depuis dix ans : quatre-vingt-treize en 2018, quatre-vingt-deux en 2019, quatre-vingt-neuf en 2023, soixante-dix en 2024. Un marqueur évident du changement climatique. Entre 1943 et 1952, le chef-lieu des Alpes-Maritimes n’avait, en effet, comptabilisé, en moyenne, que vingt-deux nuits « tropicales » par an. Depuis 2015, aucune année ne s’est déroulée avec moins de soixante-dix nuits à plus de 20 °C.
« Comme tout ce qui est lié aux températures, il s’agit d’une conséquence directe du réchauffement climatique, même s’il peut y avoir des variations locales en fonction des conditions nuageuses ou de la morphologie de l’environnement », analyse Robert Vautard, coprésident du groupe 1 du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).
Selon un rapport de l’Insee Provence-Alpes-Côte d’Azur, publié le 21 mai, 79 % de la population de cette région sera exposée à des nuits « tropicales » sur la période 2021-2050, alors que ce taux n’était que de 35 % sur la période 1976-2005, « principalement sur une partie de la bande littorale ». « La mer Méditerranée agit comme un régulateur thermique, elle peut adoucir les températures la journée mais aussi les maintenir à un niveau très élevé la nuit, décrypte M. Sorel. Elle pousse le taux d’humidité, ce qui ajoute une moiteur très désagréable qui, combinée à la chaleur, peut avoir des conséquences sanitaires importantes. »
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